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L'économie a-t-elle un sens?

Le triomphe de l’oligarchie

30 Juin 2017 , Rédigé par Philippe Vadjoux

« L’ancien se meurt, le nouveau est empêché de naître et dans ce crépuscule prolifèrent les monstres ». Gramsci.

 

*

 

C’est la perspective la plus probable.

 

La crise de 1929 avait révélé au grand public les contradictions du système capitaliste. La révolution soviétique avait donné au prolétariat une « patrie » qui forçait le système capitaliste à des compromis. La Seconde Guerre mondiale avait marqué la chute du fascisme. Les nécessités de la reconstruction avaient conduit à des politiques d’inspiration sociale-démocrates et aux Trente glorieuses. Mai 68 avait esquissé de nouvelles ambitions de démocratie participative, de prise de conscience environnementale, de solidarité mondiale et de libération des mœurs.

 

Tous ces événements pouvaient concourir à de nouveaux progrès et à une évolution du capitalisme vers une « économie sociale de marché ». C’est le contraire qui s’est produit. A partir des années 70-80 un formidable courant conservateur venu des Etats-Unis a voulu en finir avec l’Etat providence, les concessions sociales, le partage équitable des résultats entre salaires et dividendes. Ce mouvement a testé ses instruments dans le Chili de Pinochet et s’est étendu à l’Angleterre, puis aux Institutions internationales et finalement à une grande partie du monde.

 

Nous avons vécu l’époque d’un « coup d’Etat silencieux » (Simon Johnson), d’un retour des luttes de classes au profit de la bourgeoisie (Warren Buffet).

 

Ce mouvement avait ses penseurs (Friedrich von Hayek, Milton Friedman etc.), ses vulgarisateurs (les romans d’Ayn Rand : « Atlas », « La Grève » etc.), ses clubs (Société du Mont Pélerin, Davos etc.), les grands médias à sa disposition, mais elle était surtout pilotée à l’échelle mondiale par une oligarchie toute puissante et c’est cela qui en fit le succès.

 

Lorsque la crise de 2008 éclata, les théoriciens conservateurs firent momentanément le « gros dos » car l’urgence était d’obtenir des Etats, donc des contribuables, les immenses ressources nécessaires au sauvetage du système bancaire, ce que fit promptement le G20 (pour un coût total d’environ 12.000 milliards de dollars US).

 

Les interventions massives des Etats et les refinancements des banques par les banques centrales à des taux quasi-nuls permirent au système bancaire de se rétablir et le coût fut ainsi transféré vers la dette publique… Ce qui permit aux conservateurs de reprendre, sans scrupule aucun, leur antienne favorite : « les Etats sont en déficit parce qu’ils sont trop dispendieux en termes de services publics et d’aides sociales… ».

 

Quel économiste ou journaliste audacieux rappellera que les Etats sont en difficulté parce que les entreprises multinationales ne paient pas (ou si peu) l’impôt et parce que la crise financière a été soldée par la puissance publique ? Pourtant les institutions internationales (FMI, OCDE) reconnaissent elles-mêmes que les finances publiques des pays occidentaux seraient équilibrées si les transnationales payaient l’impôt comme les entreprises ordinaires…

 

Un tel discours de vérité n’est plus audible dans un climat idéologique conservateur digne du XIXe siècle. Nous sommes soumis à un discours dominant qui s’apparente à une propagande.

 

C’est ce que l’économiste américain du MIT, Simon Johnson, appelle « capture cognitive » : les dirigeants politiques sont soumis à cette idéologie et sont persuadés que la dérégulation des marchés et l’aide massive aux banques redresseront l’économie. Comme avant. Avant la crise. L’analyse critique est rendue impossible.

 

L’histoire contemporaine est ainsi révélatrice. Lorsque le système capitaliste est en crise aigüe (crise de 1929, collaboration avec le fascisme, nécessités de la reconstruction, crise de 2008), il accorde quelques concessions, mais très rapidement il reprend le dessus et impose son discours dominant. Comment expliquer une telle puissance qui permet de nier, d’occulter les contradictions du système ?

 

Nous avons montré la concentration économique et financière à l’échelle mondiale (cf.1, 3. « La mondialisation »).

 

Les marchés sont de plus en plus contrôlés par des groupes dominants qui, dans chaque secteur, chaque segment, imposent les choix, les prix. Les autres entreprises, les sous-traitants ne peuvent que s’aligner.

 

Du côté de la demande, les grands groupes ont toujours cherché à « conditionner » les consommateurs, à orienter leurs choix (publicité dominante, modes pressantes, omniprésence de leurs réseaux de distribution etc.) mais ils devaient tout de même tenir compte de la diversité de cette demande (goût inattendu des consommateurs pour tel produit, innovation d’une petite entreprise qui bousculait le marché etc.).

 

La révolution actionnariale des années 70-80 va encore plus loin. La priorité absolue est le dividende versé à l’actionnaire. Les profits doivent croître même si la demande stagne et l’investissement décline. Cette économie actionnariale, dite pompeusement de l’offre, conduit à la stagnation puis à la déflation : la consommation se ralentit, les consommateurs sont attentistes, les prix se figent, la production se contracte, les rentrées d’impôts se réduisent et l’Etat ne peut plus relancer l’économie. Enfin la dette publique, comme la dette privée croissante des ménages (notamment aux Etats-Unis et en Angleterre) représentent une épée de Damoclès pour les années à venir.

 

L’efficacité de cette politique actionnariale n’a pas été prouvée dans la réalité, elle a même été à l’origine de la crise de 2008, l’affirmation si souvent entendue que « l’offre crée sa propre demande » n’a pas non plus été confirmée dans les faits1.

 

L’élève la plus brillante de Keynes, Joan Robinson a pu dire que la faiblesse de son mentor résidait dans son idéalisme. Il considérait qu’une théorie intelligente s’imposerait face à une théorie aussi stupide que le néolibéralisme. Or les grandes décisions ne sont pas prises au nom de l’intelligence ou de la justice, mais au nom des intérêts dominants. Elle soulevait le point cardinal de la vie économique.

 

L’avenir de la population est ainsi subordonné aux intérêts immédiats des rentiers.

 

La puissance de cette oligarchie n’est pas seulement capitalistique. Elle ne se contente pas de dominer le marché, sa puissance est aussi politique. Elle a investi les Etats et les organisations internationales, d’abord par une forme d’endogamie (mêmes milieux d’origine, même idéologie, mêmes références, mêmes clubs etc.), ensuite par les pressions, le lobbying, la corruption. Les grands scandales que nous avons décrits (santé, médicaments, pesticides, tabac, pétrole, nucléaire, climat etc.) montrent à quel point ces grands groupes peuvent investir des centres de recherche, financer des études, utiliser des experts pour contester les conclusions officielles et retarder les prises de décisions, puis intervenir auprès des politiques pour amender les textes et les rendre inopérants. Ces exemples sont trop nombreux et trop importants pour les prendre à la légère. Il existe bien un pouvoir occulte qui contredit les études scientifiques et contrarie les prises de décision. L’intérêt des populations est bafoué en permanence.

 

L’étape suivante est de contrôler les médias et de diffuser cette culture dominante pour conquérir l’opinion publique. Le journalisme indépendant et d’investigation qui a conquis ses lettres de noblesse est aujourd’hui de peu de poids face à l’industrie médiatique. Prenons le cas français, lors du mandat présidentiel de N. Sarkozy. Ceux qui se présentaient comme les « frères », les « parents », les « témoins de mariage », les « amis intimes » du Président détenaient l’essentiel des médias : Serge Dassault, sénateur UMP, avec le Figaro et la presse de province associée ; Martin Bouygues avec TF1, LCI et des participations dans Métro, TMC, RTL9 ou NT1 ; Arnaud Lagardère avec les magazines Paris Match, Le Journal du Dimanche, Elle, Télé 7 jours, les radios (Europe 1, RFM), les chaînes de télévision (MCM, Europe 2 etc.) ; Bernard Arnault avec La Tribune ; Vincent Bolloré avec Direct 8, Direct Soir, le groupe publicitaire Havas etc.

 

Certes, les exemples de la France de N. Sarkozy et l’Italie de Berlusconi sont extrêmes, presque caricaturaux. Certes, bien des journalistes courageux ont résisté à ces pressions. Mais de façon générale l’oligarchie impose son idéologie sur les pouvoirs publics par consanguinité, sur les grands médias par la puissance financière et enfin sur l’opinion publique par un conditionnement de tous les instants.

 

Cette idéologie dominante, partout présente, incite d’abord à la haine de l’Etat (cf. Martin Wolf). L’Etat n’est pas présenté comme émanation des citoyens, défenseur de l’intérêt général, régulateur de l’économie, redistributeur au profit des plus faibles mais comme un pouvoir étranger, centralisé, socialisant qui étouffe les entreprises et se nourrit des impôts.

 

Lorsque le président Obama a présenté son système de santé national et qu’il a montré le coût du système de santé américain (16% du PIB, plus de 10% de coûts de gestion) à comparer avec un système « socialiste » comme la sécurité sociale française (seulement 12% du PIB, environ 5% de coûts de gestion) et son inefficacité relative (un Français vit deux ans de plus qu’un Américain), il n’a pas été véritablement entendu et l’image de « président socialiste » lui a été accolée comme une infamie.

 

Il faut donc réduire le rôle de l’Etat, diminuer les moyens des services publics (avec des conséquences catastrophiques dans les hôpitaux et les écoles), restreindre les aides sociales aux « assistés », limiter la culture et même la recherche fondamentale.

 

Il faut par ailleurs « libérer les forces productives » en réduisant les contrôles sociaux, fiscaux ou environnementaux, il faut attirer les actionnaires par des dividendes accrus et une pression sur les salariés2.

 

La compétition mondiale s’exerce en fonction du coût du travail. La pression doit porter sur le travailleur pour qu’il accepte des sacrifices, sans lesquels il sera déclaré responsable de la crise, du chômage, des délocalisations etc. Les salaires doivent être comprimés, les prestations sociales réduites, le temps de travail accru, la productivité forcée (par toutes sortes de moyens de contrôle et de pression).

 

En contrepartie, le pays et les entreprises se font fort de relancer les investissements d’avenir, la recherche, la formation et bien sûr les emplois. Ainsi les pays occidentaux ne devraient pas perdre leurs positions dominantes s’ils misent sur leurs grandes entreprises, leurs champions.

 

Ce raisonnement d’adaptation au marché mondial est présenté comme « réaliste » et il est compris d’un vaste public. Il souffre pourtant de plusieurs contradictions. (2,1. « La crise actuelle »).

 

La compétitivité internationale ne se limite pas à la rémunération des travailleurs. D’abord la formation, la qualification et la productivité des travailleurs est un élément important dans la compétitivité d’une usine. Il faut ensuite examiner la totalité des coûts des facteurs pour une entreprise. Un pays bien équipé en ports, en routes, en télécommunications, en services bancaires et financiers obtiendra de meilleurs résultats économiques qu’un pays dont les ports sont surchargés et soumis à la corruption, les routes parfois impraticables, les télécommunications souvent en panne, les services bancaires, assurances insuffisantes. De même, un pays qui peut distribuer de l’énergie et de l’eau de façon régulière et à un prix compétitif conservera des atouts. En somme, les équipements publics réalisés par les pouvoirs publics et financés par des impôts, procurent un avantage comparatif majeur.

 

La deuxième contradiction est qu’il est demandé aux travailleurs de toujours maintenir le regard « vers le bas », de se comparer aux travailleurs les « moins chers » et de s’aligner progressivement sur ces derniers. En revanche, les grands patrons, les cadres dirigeants, les agents financiers, les actionnaires, eux, peuvent regarder « vers le haut ». Ce sont des aigles qui vont abandonner le pays et voler vers des cieux plus prospères s’ils ne sont pas traités avec respect. Or les sommes accordées à la caste dirigeante sont considérables. Lorsqu’un patron coûte autant que tous les travailleurs d’une usine (un rapport de 1 à 300 est souvent constaté), la question n’est plus seulement morale, elle est aussi économique. Il s’agit en réalité de dirigeants qui accaparent plus de richesses que ce qu’ils contribuent à créer. Certains économistes américains (Daron Acemoglu et James Robinson « Pourquoi les nations échouent ») parlent de « groupes extractifs », de prédateurs. Et c’est là que le raisonnement est faussé : si les efforts demandés aux travailleurs sont compensés par les avantages démesurés accordés à une petite catégorie de personnes, l’entreprise ou le pays n’améliorent pas globalement les termes de leur compétitivité. C’est déshabiller Robert pour habiller Louis-Pierre…

 

On ne peut donc mettre en cause le « coût du travail » sans examiner le « coût du capital » et le coût de la classe dirigeante.

 

Ceci nous conduit à la dernière contradiction : le « tricle down », le ruissellement ; c’est l’enrichissement des capitalistes qui permettrait de créer des usines, donc de l’emploi, donc du pouvoir d’achat. Or, c’est l’inverse qui s’est produit au cours des dernières décennies. L’explosion du nombre de milliardaires et de nouveaux riches à l’échelle mondiale s’est accompagnée d’une stagnation du niveau de vie des travailleurs et parfois même d’une précarisation. La plus-value dégagée par l’économie a bien été absorbée en priorité par des groupes extractifs (cf. Rapport du FMI de juin 2015).

 

L’oligarchie mondiale déplace les unités de production en fonction de ses intérêts immédiats. Un pays qui n’est pas trop « regardant », qui tolère que des enfants ou des prisonniers travaillent, que des salariés soient exploités sans contrat, sans hygiène, que l’air, l’eau, la terre soient pollués, que la comptabilité des entreprises soit truquée, l’optimisation fiscale favorisée, les trafics de devises permis… un tel pays est sans conteste parfaitement compétitif.

 

L’économie n’est plus au service des populations, c’est une économie de guerre. Dans cette perspective, il faut encourager l’esprit de conquête par tous les moyens, car c’est la lutte de l’entreprise qui fait rentrer de l’argent. Il faut d’abord instaurer une culture de l’entreprise : son originalité, sa personnalité, son management, ses produits, ses atouts, ses compétitions. Il faut que les travailleurs s’identifient à leur entreprise et se reconnaissent dans son logo, comme au Moyen-Âge les manants se reconnaissaient dans le blason du seigneur. Puis, insensiblement, il faut passer de la culture d’entreprise au culte de l’entreprise. L’entreprise a un chef, une direction, une ligne, une méthode, des objectifs que nul ne saurait contester sauf à être un traître, un syndicaliste… La soumission à l’entreprise est la condition de la conquête des marchés, donc de l’emploi. En période de guerre, la contestation relève de la trahison. Bien sûr qu’il existe des entreprises différentes, ouvertes, conviviales, humaines, mais la pression générale de guerre et de « patriotisme » économique va bien dans ce sens.

 

Cette pression sur l’entreprise se transmet sur le salarié, sur le citoyen. La lutte impose la disponibilité de chacun. Les travailleurs sont mis en concurrence, entre services, par l’informatique, les contrôles de résultats, l’avis des clients.

 

La médecine du travail en constate les effets catastrophiques (maladies professionnelles, « burn out », paranoïa, dépression, usage abusif de médicaments et drogues, suicides etc.). Les thérapies contemporaines (notamment aux Etats-Unis depuis les années 1990 : thérapies cognitivo-comportementales, TCC) s’inspirent du Manuel d’Epictète en le replaçant dans le contexte moderne. Epictète est né au Ier siècle dans une province de L’Empire romain, il a pu s’affranchir et est devenu une figure du stoïcisme. Dans son Manuel il distingue ce qui ne dépend pas de moi et sur lequel je ne peux rien faire (les affaires de tous) et ce qui dépend de moi (jugement, impulsion, désir). Une interprétation purement individualiste conduit cette thérapeutie à inciter le patient à ne rien remettre en cause du monde existant mais au contraire à s’adapter à ce monde. Hegel avait déjà relevé le caractère conservateur du stoïcisme : le monde social est à l’image de la nature, immuable, intangible. L’utilisation du stoïcisme par cette thérapeutie moderne doit conduire l’être humain à s’adapter au monde et certainement pas à le transformer.

 

L’endoctrinement repose aussi sur le « terrorisme publicitaire ». La publicité a été conçue par une armée de spécialistes pour envahir la vie quotidienne des consommateurs : d’abord de façon physique (panneaux le long des routes, dans les gares, les villes etc.), puis dans la communication (journaux, revues, postes, téléphone, cinéma etc.), puis dans les fichiers (Amazon, Microsoft, Apple, Google, Facebook, Yahoo, Twitter etc.). Ces groupes ont obtenu, en toute liberté, des masses d’informations stockées sur les individus, qu’aucun gouvernement n’avait osé exiger. Des outils mathématiques et des machines ultra performantes ont permis de traiter toutes ces informations. Les liens entre ces groupes et des organismes de renseignements ont été établis. Il est même apparu que les syndicats du crime (argent de la drogue, commerce d’armes etc.) s’étaient infiltrés dans le système. Pour Mark Zuckerberg (Facebook) l’époque de la sphère privée est révolue.

 

L’image traditionnelle de la surveillance des citoyens (les fichiers sous Napoléon, les délateurs, les gardiens d’immeubles, les écoutes téléphoniques de la STASI) paraît artisanale et désuète face à ce formidable système qui surveille les individus en permanence et exploite toutes les données.

 

Ce régime « post-démocratique » est insidieux car il permet le contrôle de la population sans violence, ni police apparente (cf. Hans Magnus Enzensberger « Le Perdant radical : essai sur les hommes de la terreur », 2006, Gallimard).

 

L’affaire de la NSA, révélée grâce au lanceur d’alerte, Edward Snowden, a confirmé les craintes d’Enzensberger. A titre d’exemple, la NSA a enregistré plus de 70 millions d’appels téléphoniques en France sur un mois (décembre 2012). Le programme « Prism » a révélé les liens entre la NSA et les géants du Web. Cette affaire a créé un malaise diplomatique mais n’a pas suscité de réflexion majeure sur le système qui nous contrôle et nous dirige.

 

L’économie numérique est extrêmement concentrée. Google contrôle 90% des moteurs de recherche et encaisse 50 milliards de dollars de revenus annuels. Amazon et eBay dominent le commerce Internet. Dans ce système, le consommateur n’est pas un individu mais un produit qui fournit des informations, lesquelles sont traitées et vendues à des entreprises de commerce.3

 

Notre économie présentée comme libérale, décentralisée est en fait hiérarchisée, centralisée. Vous croyez disposer d’instruments nouveaux qui vous offrent de nouvelles opportunités, alors que ces instruments sont au service de groupes puissants qui vous surveillent.

 

L’être humain doit perdre son caractère prométhéen, il doit abandonner tout sens critique, tout esprit de contestation, toute imagination. Il doit se soumettre au système et en contrepartie il en reçoit les avantages. Une société de consommation qui se renouvelle à l’infini. Elle est née du besoin de biens matériels nécessaires à la survie (nourriture, logement, habillement, santé etc.). Elle s’est renouvelée avec la mode, le conditionnement social, la compulsion de l’achat, le besoin de paraître, le neuromarketing. Elle est aujourd’hui réactivée avec les découvertes technologiques qui créent de nouvelles pressions, de nouvelles obligations pour rester « d’avant-garde ». Mais la finalité de cette société est toujours la même, j’achète un objet, auquel je m’identifie car il me permet de croire que je suis supérieur à mon voisin.

 

On assiste ainsi à l’apparition d’un monde dans lequel l’intérêt général, les biens communs sont délaissés au profit de la société marchande et de la consommation.

 

Dans un tel monde, les idées de progrès, de démocratie, de coopération, de solidarité seront de moins en moins entendues.

 

Ce monde est replié sur lui-même, méfiant, soumis à toutes sortes de peur, la peur de l’étranger, de l’autre, de l’immigré, la peur de la crise, du chômage, de la décadence, la peur de la science.

 

La peur interdit toute rationalité et exige la protection, la sécurité, l’autorité, à n’importe quel prix. Le risque est grand que les rapports humains se contractent, se détériorent.

 

Jean Twenge « L’Epidémie de narcissisme » esquisse une évolution inquiétante.

 

L’individu ne recherche plus le dépassement de soi dans un projet collectif et utile, il cherche avant tout à « se vendre » dans la vie, comme dans le travail, même de façon cynique, même pour un résultat provisoire. L’amour collectif est oublié, l’amour dans le couple est alors dévoyé. Le sentiment amoureux s’estompe au profit d’une évaluation permanente du partenaire : ce qu’il ou elle peut apporter (sexualité, argent, image de marque etc.). Le couple est en balance et devient plus instable, en fonction du « marché ».

 

L’individu ne s’intéresse plus au monde réel, il préfère plutôt se valoriser sur les réseaux sociaux pour gagner une « micro-célébrité », à la recherche de « followers ».

 

L’enfant est éduqué dans le narcissisme du « moi, je, tout de suite », encouragé à devenir consommateur, vivant dans la facilité des jeux virtuels, la violence coutumière, l’enfermement dans son groupe social, dans sa classe d’âge.

 

Le modèle dominant se reproduit et se renforce.

 

L’être humain doit être mis au service de ce système, de cette guerre de domination. La science et la technologie sont alors utilisées pour créer des sortes de « surhommes » capables de vaincre les rivaux.

 

Le capitalisme technoscientifique (informatique, télécommunication, biotechnologique, génie génétique, sciences de la nature, nanotechnologie, espace etc.) est à la pointe du système. Chaque secteur est dominé par un petit nombre de firmes. Ainsi les décisions majeures concernant le vivant, la nature, la terre sont prises par un petit nombre d’entreprises très puissantes.

 

L’individu est de plus en plus « appareillé », les prothèses se multiplient. De la caméra miniaturisée détectant une maladie à l’appareil auditif, du pace maker à la jambe artificielle, de la lunette informatique délivrant de multiples messages à la montre GPS, la science et la technologie viennent au secours de l’être humain.

 

La compétition économique s’empare de ces progrès scientifiques : c’est le cadre d’affaire qui vole d’un écran à l’autre sans répit, sans jamais être déconnecté ; ce sont les décisions informatisées en nanosecondes de virer des sommes énormes d’un compte à un autre, d’un pays à un autre ; c’est le militaire suréquipé qui peut attaquer l’ennemi en pleine nuit grâce à des drones. 

 

Ces progrès technologiques incontestables sont-ils toujours voulus par les êtres humains et mis à leur disposition ou sont-ils décidés par des groupes puissants pour servir leur dessein ?

 

L’être humain se trouve placé dans une étrange contradiction. Il lui est demandé d’être transparent, « informatisé », toujours connecté, mesurable. Il est ainsi soumis à de multiples contrôles (professionnels, commerciaux, associatifs, politiques et il en ajoute même pour mesurer ses activités, « quantified self »). Or toutes ces données sont transférées vers des « data-centers », totalement opaques. Cette asymétrie est dénoncée par un spécialiste des nouvelles technologies Evgeny Morozov4.

 

« La meilleure façon de prédire l’avenir est de l’inventer soi-même ! » dit-on dans ces milieux.

 

L’objectif est donc, dans un environnement considéré comme hostile (compétition économique, guerres etc.), d’exploiter les nouvelles technologies qui pourraient « améliorer » l’homme, créer une sorte de « surhomme » invincible.

 

Ainsi est né aux Etats-Unis le courant de pensée du « Transhumanisme » qui prévoit une « convergence » de toutes ces nouvelles sciences et technologies au service d’un homme artificiel, le « ciborg ». Le terme de « transhumanisme » a été créé par le biologiste Julian Huxley, théoricien de l’eugénisme… L’homme est limité, ne serait-ce que par le nombre de ses neurones (pas plus de 100 milliards). Le jour où une machine sera supérieure au cerveau humain est appelé « singularité » (Vernor Vinge). Il convient donc d’équiper et de transformer l’être humain.

 

Une « Université de la Singularité » a été créée en Californie, par Google, sous l’impulsion de Ray Kurzweil (inventeur de la reconnaissance optique et vocale), pour stimuler ces recherches et sélectionner les meilleurs candidats. De nombreux chercheurs et start-up se sont installés dans la Silicon Valley pour collaborer avec cette université et « évangéliser » (terme utilisé) le monde à cette révolution.

 

Ce courant de pensée est largement instruit et financé par des mouvements conservateurs. Il s’agit pour eux de gagner une guerre technologique et économique, d’asseoir la supériorité américaine et de créer par sélection une sorte de race supérieure.

 

Ainsi les progrès de la science sont mis à la disposition d’une classe dominante, d’une élite « d’hommes augmentés » qui constitueraient le bras armé de l’oligarchie mondiale. C’est la compétition économique qui se poursuit avec des moyens guerriers.

 

Nombre de philosophes et de savants s’inquiètent de cette dérive. La doctrine du « transhumanisme » repose sur un concept de force, de domination et non de coopération et de paix entre les peuples. Elle accentuerait la tendance, déjà existante, d’une société « duale ». Des individus aisés financièrement, bien formés, sélectionnés, assistés d’équipements et de robots, deviendraient des « surhommes » formatés et conformistes, face au reste d’une population délaissée, abandonnée, voire asservie (cf. Pierre Dardot).

 

Or, les spécialistes de l’intelligence artificielle (IA) chez Google, Apple, Facebook, Amazon (GAFA) ou IBM constatent que la puissance des serveurs informatiques a été multipliée par un milliard en une trentaine d’année… La société de demain pourrait devenir une société de profusion, de communisme « à chacun selon ses besoins » comme l’avaient prédit Karl Marx ou J.M. Keynes. Il est évident que l’oligarchie doit contrôler ces recherches et les orienter.

 

Nous sommes à nouveau confrontés à un formidable retournement de sens.

 

Tout au long de cet essai, nous n’avons cessé de souligner l’importance des progrès humains (santé, éducation, culture, mais aussi recherche), par rapport aux biens de consommation courants. Nous devrions donc nous féliciter de cette révolution cognitive… Mais ici encore nous devons nous poser la question de la finalité.

 

Le spécialiste américain de la « high-tech », Jaron Lanier5 constate que cette concentration financière et technologique se fait au détriment de la démocratie. Le chercheur Peter Shanks s’inquiète que « ce que nous prenons pour des merveilles high-tech soit en fait l’instrument du pouvoir exercé par quelques-uns sur le reste d’entre nous ».

 

Ces recherches seraient donc orientées, confisquées. « Big data » serait au service de « big money »6.

 

En outre, les questions éthiques ne semblent pas posées. L'astrophysicien Stephen Hawking doute que l’intelligence artificielle puisse toujours être contrôlée. Jaron Lanier ironise que l’être humain pourrait devenir « l’animal de compagnie » de ces machines singulières. Une pétition de 5.000 signataires (Future of Life Institute) affirme que l’intelligence artificielle a le même potentiel de destruction que le nucléaire.

 

Mais c’est bien cela le sujet, la puissance.

 

Une telle perspective repose sur les tendances existantes. Pouvoirs politiques de plus en plus soumis aux forces de l’argent (coût des élections, lobbying etc.). Communication et informations contrôlées par des groupes puissants (NSA, multinationales du Net, grands médias etc.). Insensiblement, l’individu se trouve enfermé dans la logique de l’argent, de l’individualisme, de la compétition, de la guerre. Il ne revendique que ce que le Pouvoir accepte de lui octroyer : un emploi, un salaire, une consommation de biens matériels et de plaisirs faciles.

 

Or, cette « tentation totalitaire » peut se développer sur un terreau favorable.

 

D’abord un individualisme exacerbé ; l’obsession narcissique, le besoin de paraître, de devenir un « people » ; le consumérisme compulsif, là encore pour satisfaire le « moi » et écraser les voisins. Tout cela a été étudié par les philosophes (cf. « La privatisation de l’individu » selon Cornelius Castoriadis).

 

Mais cet individualisme exacerbé par le système capitaliste peut se conjuguer avec une face plus secrète de repli sur soi, sur sa famille, sur sa communauté, sur son pays, sur sa race, sur sa religion. Le système dominant n’est pas seulement économique, il est aussi social, culturel.

 

C’est la volonté des mêmes personnes de vivre dans les mêmes quartiers (parfois même fermés : « gatered area »), de s’habiller de la même façon (avec des codes), de fréquenter les mêmes écoles (privées), de croire dans la même religion (avec des signes distinctifs), d’inculquer des règles sociales et religieuses aux enfants dès le plus jeune âge (catéchisme, école coranique), de les intégrer à cet ordre collectif (scoutisme, internats), de s’inspirer du modèle militaire, non dans ce qu’il a d’essentiel (la défense de la nation) mais surtout dans ses aspects d’obéissance, de discipline, et enfin de se soumettre à l’autorité d’un parti dominant et au mythe du chef. Ce « collectivisme conservateur » qui conduit l’individu à se replier sur ses « valeurs » pourrait constituer un terreau favorable pour cette nouvelle idéologie totalitaire d’un ordre tout puissant, d’une société fermée, d’une économie de guerre et d’un individu soumis.

 

Il a fallu des siècles pour que naissent les idées de droits de l’homme, de démocratie, de laïcité etc. Mais en parallèle a toujours existé une société qui a entretenu les guerres de religions, les guerres coloniales et les guerres nationales, qui a réduit les femmes à un rang inférieur (depuis les femmes brûlées comme sorcières, jusqu’à la mise à l’index du livre de Simone de Beauvoir « Le deuxième sexe ») et qui a réprimé la science, (Giordano Bruno, Copernic, Kepler, Galilée, mais aussi Pasteur qui inoculait le « mal » ou Freud qui se mêlait de la conscience réservée aux curés etc.).

 

Joseph de Maistre méprisait les droits de l’homme, au regard des inégalités tenues pour naturelles et légitimes, le comte de Gobineau célébrait l’inégalité des races humaines, Maurras accueillait la chute de la République face au nazisme comme une « divine surprise ». Et combien de contemporains nient toujours l’évolution darwinienne des espèces, contestent même l’existence des chambres à gaz dans les camps de concentration, ou ironisent sur les « droits de l’hommisme »…

 

Le théoricien italien, Antonio Gramsci, avait bien montré l’importance du discours dominant, de l’hégémonie culturelle sur la société. L’extrême-droite a compris l’intérêt de conquérir les esprits, non par l’imagination, comme en Mai 68, mais par des slogans et des arguments qui font appel au repli sur soi.7

 

Une telle culture de soumission à un pouvoir fort facilite la tâche de l’oligarchie mondiale.

 

Cette concentration des pouvoirs, ce risque totalitaire sont-ils irrésistibles ?

 

Le fascisme n’a t’il été qu’un simple accident de l’histoire ou a-t-il préfiguré une mondialisation totalitaire ? Les germes autoritaires et guerriers que nous avons décrits dans la compétition économique, dans le culte de l’entreprise ont bien trouvé leurs débouchés dans la traite des Noirs, l’exploitation des enfants, les empires coloniaux et les guerres de conquêtes des marchés. La prise de pouvoir de Hitler et du NSDAP a bien été permise grâce au soutien et au financement des grands cartels. Le coup d’Etat de Pinochet au Chili a bien été organisé avec l’appui de grands groupes américains (comme les archives, aujourd’hui déclassifiées, le confirment)…

 

Le pouvoir oligarchique qui est aujourd’hui un simple réseau encore informel ne va-t-il pas se fédérer, se renforcer, se concentrer ?

 

Ne va-t-il pas intervenir de plus en plus dans la vie politique, les élections, les programmes, dans la société civile, les médias, dans la vie des individus, les choix de société. Ce mouvement est déjà bien engagé, pourquoi s’arrêterait-il ?

 

La répétition des crises économiques entraîne des conséquences sociales catastrophiques : misère, insécurité, désignation de boucs émissaires.

 

La multiplication des périls environnementaux (notamment les désertifications comme la hausse des océans) vont créer des migrations brutales de populations.

 

Ces graves désordres sociaux, ces troubles, ces risques de conflits inciteront les populations à exiger des solutions immédiates qu’un pouvoir fort, autoritaire leur promettra. L’oligarchie, principale responsable de ces malheurs, disposera de tous les moyens pour exercer le pouvoir…

 

Le sociologue allemand Wolfgang Streeck rappelle que l’objectif du capitalisme n’est pas la liberté des peuples mais leur domination, aussi bien en tant que travailleurs, que consommateurs. Un système « post-démocratique » se met en place sur les décombres de la démocratie : baisse de l’esprit civique, de la participation électorale, du syndicalisme, etc.8

 

La démocratie et la civilisation auxquelles nous aspirons peuvent-elles disparaître ?


 

 

Oui, les civilisations sont mortelles.

 

Le plus ancien texte de l’humanité « L’épopée de Gilgamesh » retrace le déclin de la Mésopotamie sous la pression de la démographie, du déboisement, des désordres sociaux. Comment ne pas penser à l’effondrement de l’Empire des Mayas, à la disparition de la culture de l’ile de Pâques, à la chute de l’Empire romain ?

 

Le biologiste américain Paul Ehrlich et son épouse Anne alarment l’opinion publique depuis quatre décennies des risques qui menacent notre civilisation : pouvoir dominant, productivisme, crise écologique majeure, appauvrissement des populations, désordres9.

 

Jared Diamond s’interroge sur l’homme, animal suicidaire. Il a aussi étudié la disparition des civilisations et les raisons des « collapsus » (« chute » en latin). Les causes majeures sont les dommages causés à l’environnement, un changement climatique qui perturbe l’équilibre écologique, l’hostilité entre pays voisins face à ces désordres, l’incapacité du pouvoir à remettre en cause ses privilèges…

 

Or tous les symptômes sont réunis : crise de l’eau potable qui concerne un milliard d’habitants, destruction des marais, des mangroves, des récifs de corail, disparition de certaines espèces de poissons, dévastation des fonds des océans, désertification des sols, recul des forêts tropicales, massacre des insectes pollinisateurs, gaz à effet de serre, dérèglement climatique, disparition de la banquise arctique (réduite de moitié en 30 ans d’après la NASA) et même antarctique, montée des eaux, pesticides, perturbateurs endocriniens, baisse de fertilité des humains… Chaque élément de la biosphère est utile à l’ensemble. En détruisant ces équilibres, l’homme provoque un effet domino. « C’est comme si on retirait au hasard des petits rivets dans l’assemblage d’un avion ».

 

L’absence de décisions importantes au niveau mondial (parce que l’oligarchie s’y oppose et parce qu’il n’existe pas de gouvernance mondiale) conduit à être plutôt pessimiste et à prendre au sérieux les avertissements de ces scientifiques10. Les climatologues confirment que le réchauffement de la planète est sans précédent depuis 11.000 ans et qu’il est bien d’origine humaine.

 

L’incapacité à prendre des mesures salutaires et d’intérêt général conduirait l’humanité à sa perte. L’anthropocène serait alors le stade final.

 

Dans son dernier ouvrage, Naomi Klein prédit que les objectifs des Nations Unies de limiter l’effet de serre et la hausse des températures du globe à 2° ne seront pas atteints car ils se heurtent aux intérêts des grands groupes internationaux. La seule solution réside dans la sortie du capitalisme11.

 

Le grand historien anglais, Arnold Toynbee (« A Study of History ») avait étudié les grands cycles et les civilisations et il en avait tiré cette conclusion : « Les civilisations meurent de suicide, pas d’assassinat », du fait de la dégénérescence d’élites qui veulent profiter de privilèges qu’elles ne méritent plus.

 

Nous sommes bien là au cœur du problème. Si les difficultés que nous allons rencontrer étaient purement techniques il faudrait alors espérer dans le génie humain. L’histoire de l’Humanité a été faite d’obstacles finalement surmontés grâce à la science, à la technologie, à l’organisation, à l’anticipation. Mais les problèmes actuels ne sont pas des obstacles techniques, ils résultent de notre système même, ils sont le produit d’un marché capitaliste mondialisé qui a placé le profit comme boussole, la production de marchandises à outrance comme moyen et qui a tout fait pour nier la question humaine comme la question environnementale.

 

« S’ils pouvaient vendre la Lune, ils le feraient » disait déjà Keynes.

 

Les écrivains aussi avaient pris conscience de ce risque. Aldous Huxley dans le Meilleur des Mondes (« Brave New World », 1932) dressait une vision inquiétante de l’avenir fondée sur l’américanisation du monde et l’utilisation de la science à des fins privées. George Orwell dans son ouvrage « 1984 » (écrit en 1949) décrivait un monde totalitaire qui reflétait à la fois le fascisme européen, le communisme soviétique, mais aussi le pouvoir de l’argent roi.

 

L’organisme spatial américain, NASA, s’est intéressé à l’avenir de l’être humain sur cette planète, d’un point de vue scientifique. Son étude « Handy » (Human and Nature Dynamical) est alarmiste et craint tout simplement une disparition de notre civilisation du fait de la surexploitation des ressources naturelles et des écarts excessifs de revenus entre les habitants…

 

Ce tableau peut paraître enténébré, il est pourtant tristement vraisemblable si l’on s’en tient à la dynamique propre du capitalisme.

 

Que l’on soit physicien, biologiste, climatologue, anthropologue, sociologue et même économiste, dès lors que l’on prend du recul, on ne peut s’empêcher de craindre le pire.

 

Il s’agit d’un mouvement insidieux et constant vers une concentration des pouvoirs à l’échelle planétaire, entre les mains de puissants, d’oligarques, obsédés par leurs seuls intérêts immédiats.

 

Ce pouvoir oligarchique doit imposer son idéologie, ses grands choix pour conserver le pouvoir et continuer à en profiter. Tous les moyens seront bons.

 

L’économie est alors retournée. Elle devient un instrument de domination. L’entreprise ne cherche plus à satisfaire un besoin, une demande, elle devient un outil de guerre au service de ses actionnaires. Le salarié doit être soumis à cette idéologie, il bénéficie d’avantages matériels substantiels et il peut même être « équipé », « augmenté », devenir une sorte de « surhomme » pour participer à la domination.

 

Mais alors l’esprit critique, la créativité, la citoyenneté, la solidarité, l’idéal démocratique ne risquent-ils pas de s’estomper, puis de disparaître, au fil des générations ?

 

1 Cf. Steeve Keen « L’imposture économique », Editions de l’Atelier, 2014.

2 Cf. Edward Luce « Time to start thinking : America in the age of descent », Atlantic Monthly Press, 2012.

3 Cf. Pierre Desjardins, Université de Laval, Québec, Canada.

4 Cf. « Pour tout résoudre cliquez ici », Fyp Editions, 2014.

5 Cf. « Who owns the future ? », Simon & Schuster, 2013.

6 Cf. Corine Lesnes.

7 Cf. Serge Audier « La Pensée anti-68 », La Découverte, 2008.

8 Cf. « Du temps acheté », Gallimard, 2014.

9 Cf. « Can a collapse of global civilization be avoided ? ».

10 Jared Diamond, « Effondrement, comment les sociétés décident de leur disparition ou de leur survie », Gallimard, 2006.

11 Cf. « Capitalism Vs the Climate, Simon & Schuster », 2014.

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